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#72 – Accéder à l’espace et au temps créatifs et le conserver – Discussion avec Isabel Gilbert

espace et temps créatifs - interview podcast isabel gilbert valerie demont coeur business

La créativité et l’innovation sont une de qualités du leader qui oeuvre pour le nouveau paradigme: libérer et gérer efficacement notre potentiel créatif est essentiel. Nous explorons avec Isabel Gilbert, coach experte en créativité, des stratégies pour les leaders et entrepreneurs désireux d’intégrer la créativité dans leurs pratiques quotidiennes, savoir y accéder et le conserver.

Isabel Gilbert coach-experte pour les métiers de la création.

J’ai souhaité l’interviewer parce que plusieurs clients m’ont confié peiner à créer et trouver des solutions et idées.

Ce podcast est pour vous, si vous:

  • chercher à infuser plus de créativité dans votre leadership
  • redéfinir l’innovation dans votre entreprise
  • faciliter l’accès à votre espace créatif
  • comprendre les dimensions sensibles et subtiles des espaces créatifs
  • trouver que votre équipe manque de créativité, d’originalité ou simplement de solutions.

Avec Isabel Gilbert nous nous immergeons dans l’essence même de la créativité dans les métiers de la création et du potentiel:

  • Chaque leader a un potentiel créatif unique. Cet épisode vous aide à le découvrir et à l’exploiter pour améliorer votre leadership et inspirer et motiver ceux qui vous entourent.
  • Les conseils d’Isabel sont immédiatement applicables. Que vous dirigiez une équipe créative ou que vous cherchiez à innover dans des domaines moins traditionnellement associés à la créativité, les stratégies discutées vous seront directement bénéfiques.
  • Les anecdotes et les perspectives d’Isabel sont une véritable source d’inspiration comme l’exemple, en bonus, d’un Chef étoilé qui, à un moment donné, ne peut plus faire l’économie de son coeur. Il décide alors de le suivre. Il crée la suite à partir de cet espace, de coeur, pur.

Ci-dessous vous trouverez :

  • le player et la vidéo de notre échange avec Isabel,
  • les points clés des transmissions d’Isabel,
  • la transcription complète du podcast.

Je vous souhaite un moment enrichissant avec Isabelle et espère que son histoire inspirera votre parcours en tant que leader conscient et guidera l’évolution de votre entreprise vers l’avenir 🙌

Belle écoute!

Vivre son cœur business!

Le podcast qui vous aide à remettre du coeur, du sens et de la joie dans votre vie de leader tout en vous préparant au nouveau paradigme.

Également disponible sur votre plateforme préférée:

Les points clés de ce podcast sur l’accès aux espaces subtils de la créativité et à la manière de conserver cet espace.

1. La Création de l’Espace de Parole et de Pensée

Isabel Gilbert souligne l’importance cruciale de créer un espace où les idées peuvent circuler librement, sans la pression des jugements ou des contraintes extérieures.

Donc mon geste principal ça va être effectivement de leur donner de l’espace, de l’espace de parole, notamment, de l’espace de pensée et de l’espace pour revenir en fait à leur singularité,  revenir leur vision,  qu’est-ce que je voulais dire à la base, etc.

2. Gestion des Influences et des Doutes

Dans un environnement où les influences externes abondent, savoir les gérer tout en préservant l’intégrité de sa vision créative est une compétence clé. Isabel nous rappelle que

il y a une pression, il y a une confusion qui peut s’installer et donc à plusieurs moments dans le processus de conception de cette vision il va falloir redonner de l’espace.

3. L’Importance du Holding Space (Conserver l’espace)

Le concept de « holding space » est crucial pour un leadership efficace. Il ne s’agit pas simplement de laisser de la place, mais de créer activement un environnement où la créativité peut prospérer.

C’est particulier mais c’est vraiment mon geste du coach et il y a une deuxième dimension; c’est offrir une présence. C’est à dire, je suis entièrement concentrée sur ce que tu me dis et je ne suis pas en train de penser à autre chose. Donc ça demande une immense concentration et ça demande un entraînement pour faire cette place en soi et c’est cette place en soi qui permet en fait à l’autre d’accéder à son propre espace en lui-même en fait.

Et pour l’avoir expérimenté avec Isabel, je vous confirme qu’elle a un talent pour cela.

C’est le véritable espace de votre créativité auquel elle vous redonne les clés!

Pour suivre Isabel Gilbert:

Développez votre leadership conscient

Dans un monde en meta-crise, le rôle du leader, et aussi, de rassembler de la confiance et de la sérénité, tout en montrant des directions possibles et embarquant leurs gens.

Savoir naviguer à vue, dans les nouveaux territoires sans carte, avec flexi-solidité est une qualité des leaders qui oeuvrent à demain.

Des qualités et talents souvent intangibles et acquis au fur et à mesure du chemin par l’expérimentation. Certains de ces outils sont des outils de bases et fondamentaux du leadership conscient et d’autres seront des fils à tirer selon vos besoins.

Participez à une journée d’ateliers, à Lausanne, pour consolider vos fondamentaux de leader conscient·e (en chemin continu) ainsi que découvrir et partager d’autres outils et expériences pour votre quotidien.

Durant cette journée, vous utiliserez une grande partie de l’environnement pour développer encore plus votre conscience et présence; une partie de l’atelier se déroule en extérieur.

Ce workshop est conçu pour faciliter votre processus conscient d’amélioration continue avec son concept inédit: vous pouvez revenir autant de fois que vous le souhaitez.

Consultez les dates et le programme

La transcription brute du podcast

Bonjour ! Je vous souhaite la bien venue dans ce nouvel épisode de podcast dans lequel nous allons parler de l’espace créatif.

Je suis Valérie Demont la voix et l’éditrice de ce podcast dédié aux leaders et entrepreneurs qui oeuvrent à demain !

Je suis à la fois coach, consultante, mentor, sparring partner. Mon rôle est de Préparer les leaders d’aujourd’hui pour le monde de demain sur la base de trois pilier qui me semble essentiel : le développement du self-leadership conscient et spirituel avec l’intégration de l’intelligence du coeur, l’adaptation de l’entreprise et ses systèmes pour un business conscient et la condition siné qua non pour avancer : une écologie intérieure au top.

Dans notre collaboration, j’intègre à la fois mon expérience de gestion d’entreprise,  marketing et entrepreneur que les qualités subtils et intangibles à activer aujourd’hui pour œuvrer avec cœur à demain. Elle prend forme sous forme d’accompagnement ou de workshop interentreprise, comme mon fameux atelier de préparation à l’année à venir que je donne depuis de nombreuses années en novembre ou des ateliers  ou intramuros pour votre codir, vos équipes ou encore pour des conférences. Je fais du sur-mesure et je peux aussi vous transmettre les codes du nouveaux marketing et de l’expression authentique pour leaders du nouveau paradigme.

Je donne de l’énergie, du courage pour se transformer soi et son, l’entreprise et les systèmes qui en découlent.

En fait, je ressemble à une préparatrice, une sorte d’entraineur… Je vous invite à consulter mon site pour plus d’infos ou prendre rendez-vous pour un café-zoom dans mon calendly, je vous mets les liens dans les notes.

Maintenant, place à notre invitée du jour, Isabel Gilbert, coach pour créateur et créatif, une experte de l’accès au temps créatif. Je pense que cet épisode sera particulièrement utile si vous n’arrivez plus à créer, à trouver des idées et solutions, alors que vous savez qu’elles sont par là…

 

[00:00:30] VAlérie Demont: Cool. Bienvenue, Isabelle.

[00:00:33] Isabel Gilbert: Merci, merci de m’accueillir.

[00:00:35] VAlérie Demont: Avec plaisir. Je t’ai contactée parce que j’ai rebondi sur un de tes posts LinkedIn qui m’a… Interpellé, touché hyper profondément quand tu parlais de l’espace en fait, de faire de l’espace, laisser l’espace gérer cet espace et puis moi ça m’a fait penser aux failles temporelles en fait que des fois j’expérimente, que toi t’appelles autrement on verra [00:01:00] on en parlera tout à l’heure et puis t’as gentiment accepté l’invitation et je me réjouis en fait de cette discussion je te propose de commencer par te présenter parce que tu vas le faire beaucoup mieux que moi

[00:01:17] Isabel Gilbert: Alors, mon métier aujourd’hui tel que je le définis, c’est coach experte en créativité pour les métiers de la création. Donc, la particularité, c’est que j’accompagne des personnes qui sont déjà très créatives. Donc, c’est très loin de ce qu’on peut trouver en consulting. Je ne suis vraiment pas là pour donner des conseils à des personnes qui sont déjà créatives, qui ont déjà beaucoup d’idées.

Donc, mon geste principal, ça va être effectivement de leur donner de l’espace, de l’espace de parole, notamment de l’espace de pensée et de l’espace pour revenir en fait à leur singularité, revenir à leur parti pris, leur vision, qu’est-ce que je voulais dire à la base, etc. Parce que c’est aussi des [00:02:00] personnes, alors là, on parle de leader créatif au sens métier de la création.

Donc, très concrètement, ce sont des réalisateurs de films, des directeurs créatifs de jeux vidéo, des architectes, etc. Donc, des personnes qui sont en fait responsables, en charge de concevoir et d’assumer une vision créative. Donc, une vision sensible, parce qu’on est dans le métier de la création. Donc, par définition aussi, une vision subjective.

Pour lesquels il peut y avoir peu d’indicateurs entre guillemets de performance qu’on peut avoir dans les entreprises par ailleurs. Donc, c’est particulier et il y a un vrai enjeu à ce qu’ils soient connectés à ce qu’ils veulent dire, à leur expression singulière, à la fois parce que c’est ce qui va déterminer la valeur de l’œuvre derrière, qui va la différencier sur le marché, mais aussi parce qu’il va falloir la communiquer à toute une équipe qui va entrer en exécution ou en réappropriation de cette vision, [00:03:00] pouvoir la créer, la mettre en œuvre.

Donc, cet espace-là d’expression, il est très, très important et il a une grande valeur. Sauf qu’il est mis à mal régulièrement parce qu’il y a énormément de parties prenantes en général autour de ces leaders qui vont venir donner leur avis, qui vont venir donner des datas, qui vont venir rappeler le marché, etc.

Donc, à un moment donné, il y a un doute, il y a des doutes qui peuvent vraiment s’immiscer et on peut perdre le fil. Et au lieu de rester connecté à cette voie presque intérieure, quand ils parlent de ça, de voie intérieure ou d’élan intérieur, ils vont peut-être commencer à soit douter, soit brouiller les pistes.

Parce qu’il y a des inputs extérieurs qui vont faire bouger les choses. Alors, c’est bien dans un deuxième temps où il y a un moment donné dans le processus où il faut aussi qu’ils intègrent ces inputs extérieurs. Mais le problème, c’est qu’il y a une pression, il y a une confusion [00:04:00] qui peut s’installer.

Et donc, à plusieurs moments, dans le processus de conception de cette vision, il va falloir redonner de l’espace Il y a une autre dimension c’est que ce sont aussi des personnes qui sont très riches en termes d’idées donc il y a aussi souvent besoin d’ordonner du space à l’intérieur pour ranger un peu les différentes directions qu’ils peuvent avoir parce que parfois c’est tellement riche, c’est tellement abondant qu’ils ne savent plus dans quelle direction aller donc ça c’est aussi une autre dimension de mon travail et tout simplement leur donner le temps donc moi je crée des espaces temps, le coaching c’est ça de toute façon c’est des séances ce sont des failles temporelles quelque part donc chez moi elles durent une heure et demie qui sont des accélérateurs de particules créatives et là l’idée c’est surtout pas de revenir rajouter des idées etc [00:05:00] mais au contraire de libérer et de ranger en fait tout ce qui permet de Ce qui va repermettre à la vision créative d’émerger, de se structurer, voire de se formuler.

[00:05:13] VAlérie Demont: Donnent de la place en fait pour ça.

[00:05:15] Isabel Gilbert: fais de la place et je vais même ajouter une sorte de pression sur cet espace. C’est-à-dire que le fait que ce soit moi à ce moment-là, que ce soit une heure et demie, c’était vraiment dans mon poste, mon poste était axé autour de la notion de holding space. Les Américains, ils parlent de holding space, c’est-à-dire tenir l’espace, ce n’est pas juste donner de

[00:05:33] VAlérie Demont: Non.

[00:05:35] Isabel Gilbert: n’est pas juste je t’écoute pendant une heure et demie, parce que ça, c’est bien sympa, mais vu le prix auquel je suis, j’espère qu’on attend autre chose de moi que juste écouter, même si c’est déjà énorme pour eux, mais c’est une écoute active.

Active, ça veut dire deux choses. Ça veut dire déjà que je vais poser des questions puissantes, pertinentes, pour faire accrocher, pour aller [00:06:00] chercher cette singularité. Ça, c’est mon job. Et surtout pas des questions orientées. C’est particulier mais c’est vraiment le geste du coach et il y a une deuxième dimension c’est offrir une présence c’est à dire je suis entièrement concentrée sur ce que tu me dis et je ne suis pas en train de penser à autre chose donc ça demande une immense concentration et ça demande un entraînement pour faire cette place en soi et c’est cette place en soi qui permet en fait à l’autre d’accéder à son propre espace en lui-même en fait

[00:06:35] VAlérie Demont: Après, toi, tu leur permets, en fait, de retrouver… Est-ce qu’après, ils sont capables, en fait… De retrouver cet espace tout seul, de recréer les conditions, tu vois, de cet espace-là ou non, parce qu’il y a quand même une condition particulière que tu crées, toi, dans cet espace-là, avec ta pleine [00:07:00] présence, en fait, et puis des autres éléments subtils, peut-être

[00:07:04] Isabel Gilbert: Oui, on peut en reparler, mais oui, alors déjà, mon objectif, c’est de créer l’expérience, de créer la faille temporelle, donc cette accélération, et dans un deuxième temps, effectivement, de les entraîner à aller chercher ça, c’est une question de posture en fait, là, on parle de savoir-être, donc s’il y a une demande, en tout cas, c’est quelque chose que je peux proposer, d’aller développer cette présence à soi, et comme ce sont des leaders, une fois qu’ils l’ont compris, et qu’ils peuvent le mettre en place pour eux-mêmes, ils peuvent le mettre évidemment en place pour les autres, parce qu’après, on va voir comment est-ce que moi, en tant que leader, je mets en place les conditions au sein de mon équipe pour que chacun exprime sa singularité, sa créativité, Alors encore une fois, ce n’est pas l’idée de « je vous ouvre tous les espaces et vous venez remplir [00:08:00] indéfiniment les… » Parce que dans les équipes aussi, il y a beaucoup d’idées, il y a beaucoup d’envie, c’est le métier passion, donc il y a beaucoup d’énergie, il y a beaucoup.

On fait des métiers abondants en réalité. Donc, il ne faut pas perdre ça. Mais l’idée, c’est quand même de cadrer ça. C’est pour ça que j’aime bien parler de tenir l’espace. Ce n’est pas juste « j’ouvre l’espace », c’est « je tiens cet espace » ou « je cadre cet espace Donc, on va en discuter, il y a plein de façons de cadrer cet espace.

Mais c’est le cadre ouvert qui permet la liberté d’expression. C’est une liberté d’expression dirigée, quelque part.

[00:08:34] VAlérie Demont: Oui, oui. Non, mais complètement. Mais c’est… Parce que tu vois, une fois que tu as accédé en fait à cette place créative en fait, tu ne sais plus, il y a tellement en fait d’idées là que tu ne sais plus laquelle est juste ou laquelle est bonne. Donc si tu as quelqu’un en fait qui te permet de dire, attends, c’est quoi qu’on cherche en fait et [00:09:00] te permettre de revenir au bon endroit, tu gagnes du temps aussi et de l’énergie.

[00:09:08] Isabel Gilbert: ça, c’est exactement ça,

[00:09:11] VAlérie Demont: Et toi, c’est quoi qui t’a amené à travailler de cette manière-là

[00:09:17] Isabel Gilbert: alors c’est un long parcours que

[00:09:21] VAlérie Demont: tu vas rendre court

[00:09:22] Isabel Gilbert: je vais rendre tout à fait court parce qu’il n’y a pas besoin de plus, mais moi je suis issue des métiers de la création, donc j’ai fait des études du cinéma, après je suis devenue réalisatrice de documentaires, Parce que j’aimais travailler avec la matière du réel. Et puis, j’ai rencontré une troupe de théâtre qui m’a proposé finalement de rester avec eux.

Donc, j’ai appris mon métier de comédienne sur le tas avec eux. Je suis restée cinq ans. Et puis, je suis partie parce que je voulais toucher une autre dimension que je ne connaissais pas à l’époque, mais qui s’appelle en fait la créativité. Et puis, quand on est créatif, quand on est dans les métiers de la création, on ne parle pas nécessairement de créativité, on est créatif en fait.

[00:10:00] C’est comme si vous disiez à un poisson, « Ah ben, tu es dans l’eau. » Oui, mais je suis le poisson, c’est normal. Voilà, je suis l’eau en fait. Donc là, je suis sortie de là et j’ai compris qu’en fait, c’était une discipline, une créativité, et qu’elle s’ouvrait à beaucoup d’autres champs d’application que juste là où la création.

Et puis, je me suis formée, on m’a proposé assez rapidement de travailler en entreprise avec cette patte justement

[00:10:30] VAlérie Demont: Ouais.

[00:10:31] Isabel Gilbert: Donc, avec la dimension plus sensible, parce qu’il y a dix ans, on était encore beaucoup dans l’explosion des méthodes, de la créativité, des techniques, etc. Les entreprises étaient friandes de ça.

Moi, j’avais entre-temps complètement quitté le métier et le secteur artistique parce que je le trouvais très dur humainement. Et je suis arrivée en entreprise, j’arrivais avec ma patte à développer la créativité à travers la démarche [00:11:00] sensible et artistique. Et puis, en 2016, l’industrie créative, c’est les jeux vidéo et ils savent qu’ils sont non recherchés.

Ils disaient, on veut former tous nos leaders créatifs à la créativité. Donc, je me suis pris un premier mur, parce qu’évidemment, la vidéo, ce n’était pas de leur donner des billes, c’était plutôt de faire énerger. Et de leur faire conscientiser ce qu’ils avaient déjà mis en place un peu naturellement et ensuite de venir Pardon, de venir optimiser ça par soit des exemples et des modélisations extérieures des créateurs qui ont développé des gestes particuliers, soit des exemples qui viennent d’ailleurs des exercices, éventuellement des méthodologies, mais en général les méthodologies sont déjà un peu plus que les méthodologies.

Donc toute la partie sensible, ça leur parle à fond. La question c’est comment remettre du sensible dans un univers extrêmement [00:12:00] réglementé, qui est pressionnisé, qui est un univers de performance, parce que là en plus on parle d’industrie créative. Moi j’adore cet espace qui est quand même très contradictoire.

Voilà.

[00:12:11] VAlérie Demont: J’adore et j’ai une question pour toi parce que je ne suis pas sûre que tout le monde connaît tous la même définition de sensible. Donc, c’est quoi pour toi sensible, le sensible

[00:12:24] Isabel Gilbert: Le sensible, c’est, pour faire très court, tout ce qui n’est pas rationnel. Donc, ça va être tout le champ d’informations qu’on va retrouver à travers nos cinq sens, à travers notre intuition, et à travers, éventuellement, un sixième sens. Donc, là, on peut parler d’intuition ou plus. Donc, ça peut être plus, parce que quand on regarde aussi dans l’histoire de l’art, beaucoup, beaucoup d’artistes qui vont parler de guidance ou d’atteindre des espaces un peu plus subtils encore.

On peut même [00:13:00] sortir du mot sensible pour parler de subtil. Donc, ils arrivent dans un champ informationnel qui n’est même plus de l’expression singulière, qui est l’expression de quelque chose de plus grand que eux. Donc, on a plein d’exemples à cet endroit-là, sans pouvoir rentrer un peu plus en détail après.

Mais en tout cas, c’est comment est-ce que je vais aller capter des informations par ces biais-là, et comment est-ce que je vais aller capter Pour éventuellement les associer à des informations plus rationnelles. Mais ces informations sensibles, elles ont une vraie valeur dans l’art. Dans l’art et dans les métiers de la création.

Plus largement, je parle aussi de design, je parle d’architecture, je parle même de communicants. Les communicants, ils sont amenés à travailler sur l’imaginaire. Donc, ils ont aussi besoin d’aller choper ces espaces-là.

[00:13:52] VAlérie Demont: Ah, mais ce n’est pas moi qui vais te dire le contraire Pour d’autres raisons, mais oui, [00:14:00] en fait, surtout, ils doivent apprendre à lâcher un peu le rationnel et le contrôle dans la communication pour qu’il y ait une vibration plus grande ou une émotion plus grande, si on veut prendre un terme plus commun, dans ce qu’ils transmettent pour que ça résonne chez l’autre.

Et pas que ça reste aseptisé, parce que sinon, il n’y a pas d’action.

[00:14:21] Isabel Gilbert: De toute façon, c’est dans leur mandat, la première chose qu’ils doivent faire, c’est mettre en œuvre, on parle d’objets culturels, on parle de spectacles, un film, un jeu, une publicité, qui a un impact émotionnel. Donc de toute façon, s’ils ne sont pas eux branchés à leur propre sensibilité, on a un sujet quoi.

Voilà, ça c’est l’essentiel de mon travail, c’est de rebrancher cet espace-là, juste de leur dire, vous n’oubliez pas d’aller chercher des informations à cet endroit-là, quelle place on peut leur faire, comment on entraîne, comment on réentraîne ou réactive cet espace-là, [00:15:00] comment on lui fait la place, une place dans les équipes, etc.

Après, pour répondre au comment j’en suis arrivée là, c’est parce que j’ai aussi eu une sensibilité particulière et un accès à ce type d’espace. Alors déjà par le biais de tous mes bas-grands artistiques, ça c’est sûr, mais aussi parce que j’ai été élevée par une maman thérapeute, même psychothérapeute et même psychocorporelle, donc il y a quand même la dimension du corps et des cinq sens qui est toujours présente.

Donc je suis vraiment une fille d’accompagnante, de guérisseuse, déjà, ça, ça m’a imprégnée. Et il y a une dimension aussi art-martial. Parce que j’ai grandi sur les tatamis. Deux parents faisaient des arts martiaux à haute dose. Et donc là, moi, j’ai eu accès, très jeune, dès l’âge de 13 ans, à des pratiques méditatives assez poussées.

Je faisais du zazen à l’âge de 13 ans. Donc, je rentrais de l’école, je faisais le devoir, et après, [00:16:00] c’était pratique immobile pendant une heure. Donc, en fait, quelque part, je me suis préparée à créer cet espace à l’intérieur de moi. Après, cette notion de présence, j’ai continué de la travailler pendant encore des années avec d’autres pratiques.

La dernière pratique en date que j’ai découverte, c’est la danse initiatique avec Annick Fierre, il y a quelques années, qui va d’une danse d’éveil, on va dire, des sens, jusqu’à de la transdance. Donc, on va ouvrir des espaces sensoriels jusqu’à subtils pour aller chercher des insights différents. Toujours avec une intention parce qu’encore une fois il ne s’agit pas juste de se faire un égo trip c’est pas ça le sujet mais c’est comment est-ce que je vais ouvrir des espaces sensibles pour aller chercher d’autres petites nouvelles

[00:16:50] VAlérie Demont: C’est trop… J’adore, je suis embarquée. Tu m’as embarquée, c’est

[00:16:55] Isabel Gilbert: m’embarques directement à la partie high level de mon métier [00:17:00] je ne dis pas que je fais

[00:17:00] VAlérie Demont: mais tu

[00:17:01] Isabel Gilbert: de la danse initiatique à mes coachés aujourd’hui en revanche c’est vrai que j’utilise le mouvement j’utilise la connexion aux cinq sens, aux émotions évidemment ça c’est la base du coaching aujourd’hui qu’on dit

[00:17:15] VAlérie Demont: mais complètement, parce que sinon tu ne peux pas faire vivre des expériences, sinon tu ne restes que dans la tête. À un moment donné, tu dois pouvoir sortir de la tête justement pour créer ces espaces et puis qu’après, toi, tu puisses les tenir et puis les conserver dans leur présence et toi rester dans cette présence aussi.

Mais justement, cette notion d’espace,

[00:17:39] Isabel Gilbert: [00:18:00] Oui, déjà qu’on parle d’espace, moi j’adore le mot espace, mais en fait on parle d’espace-temps, pour commencer, et il y a trois dimensions. Il y a la dimension organisationnelle, de son espace et de son temps. Aujourd’hui, il y a beaucoup de leaders qui ne sont plus aux commandes de leur propre agenda. Donc pour moi, là déjà, on a un sujet.

Comment, à un moment donné, je reprends la main sur mon agenda pour me donner des espaces de créativité, même si c’est aller marcher deux heures dans la rue. Et ça devrait faire partie des presque obligations de leur métier. Il faut des espaces d’incubation.

[00:18:52] VAlérie Demont: Mais oui, tu vois, j’ai lu l’année passée, il y a deux ans, je ne sais plus, le livre d’Emmanuel Faber, tu [00:19:00] sais, l’ancien DG d’Anon et qui lui disait en fait que dans son agenda, il y avait une demi-journée par semaine qui était vide et c’était non négociable en fait. Et cet espace, il était pour lui et justement, tu vois, pour trouver des solutions ou pour s’aérer ou pour revenir à la terre ou à la roche parce que lui, c’est un grimpeur quoi.

Et donc, il a besoin en fait d’être dans la nature quoi. Et c’est très intéressant en fait ce qu’il vit et comment en fait son rapport à la nature lui amène en fait des pistes quoi et lui ouvre de la créativité, des solutions, etc.

[00:19:36] Isabel Gilbert: Et ça, on le sait depuis longtemps, on sait qu’il faut, à un moment donné, juste ouvrir. J’avais un jour un directeur artistique qui me disait, « Mais moi, mon temps, c’est le matin dans ma voiture. » Et parce que je suis en mouvement, et donc il y a quand même le corps en mouvement.

[00:19:52] VAlérie Demont: Oui, alors, ouais, alors, la voiture, c’est super particulier, quand

[00:19:57] Isabel Gilbert: Oui, c’est très particulier parce que tu es quand même plus entendu et focus [00:20:00] sur quelque chose. Mais lui, c’était son truc. Et en fait, c’était la seule façon qu’il avait trouvé à ce moment-là, parce que sinon il était pressurisé au quotidien, d’avoir ce temps de récubation. Pourquoi pas, à la limite, déjà mettre mon premier pied dans la porte et après…

Mais c’est vrai que l’idéal, c’est je reprends la main sur mon agenda et je sacralise des temps qui sont dédiés à ça. Alors, ils sont dédiés à quoi exactement ? À incuber, c’est-à-dire à laisser reposer la quantité d’input que j’ai reçue ou que j’ai dans la tête, etc., donc vraiment comme une bouteille d’origina, je pose, je pose pour que ça se dépose.

Ça, c’est la première chose. Et j’arrête de faire. Et j’accepte. Et c’est déjà ça, c’est difficile pour beaucoup, parce que j’accepte le vide. J’accepte de faire du vide.

[00:20:50] VAlérie Demont: Oui, et on a peur, en fait, de faire du vide, d’être en contact avec le vide, tu vois.

[00:20:58] Isabel Gilbert: Exactement. Donc ça, c’est [00:21:00] quelque chose qu’il faut aussi prendre en compte, cette notion du vide. Tu peux aussi nous ramener un peu à l’émotion de mort. Oui, mais si je ne fais rien, je ne fais pas avancer les choses. En fait, si tu peux avancer, mais à un autre endroit. Donc ça, c’est une première chose, reprendre la main sur son agenda, caler des temps et vraiment être le gardien.

C’est pour ça que je dis sacraliser, être le gardien de cet espace-là. Il n’y a rien qui rentre, il n’y a rien qui sort. À la limite, j’éteins mon téléphone, je choisis le lieu qui peut être un lieu inspirant pour moi ou qui va me calmer ou qui va me mettre dans un état particulier d’attention ou de captation.

Donc ça, c’est le deuxième objectif, enfin objectif, attention, je parle d’un ou d’intention, on va dire,

[00:21:49] VAlérie Demont: Oui, je

[00:21:51] Isabel Gilbert: résultat, mais là, on est dans une intention. J’y vais parce que ça va me permettre d’inculer les choses. J’y vais aussi parce que ça peut, ça va me permettre, quand je me mets dans un [00:22:00] état particulier, d’aller chercher d’autres types d’insights.

J’utilise souvent le mot insight en français malheureusement j’ai rien de mieux on va parler d’idées, on va parler de vision on va parler de l’inspiration c’est

[00:22:14] VAlérie Demont: qu’inspiration, c’est parce que…

[00:22:16] Isabel Gilbert: peut-être le plus juste finalement

[00:22:19] VAlérie Demont: C’est vrai que « insight » et « input », c’est quand même vachement difficile à traduire en français.

[00:22:23] Isabel Gilbert: j’adore le mot d’insight parce que c’est comme une sorte de vue de l’intérieur

[00:22:26] VAlérie Demont: Exactement. Oui, parce que ça émerge quand même quelque part entre… Bon, je montre la tête pour ceux qui écoutent, parce qu’on est aussi en vidéo. Mais entre « en haut » et « en bas », ça émerge des deux côtés, mais tout vient quelque part de l’intérieur, ça ne vient pas de l’extérieur, tout ça. Donc,

[00:22:45] Isabel Gilbert: ça c’est une autre dimension on en reparlera après mais dans la dimension organisationnelle il y a quand même

cet espace temps que je me donne pour aller chercher d’autres types d’insights [00:23:00] Alors là on est déjà parti dans comment je peux capter moi tout seul d’autres choses mais en réalité il y a aussi juste je me donne le temps d’aller dans un musée pour m’inspirer et décaler mon regard et me re-rendre curieux donc ça peut aussi être aller chercher des unités externes c’est juste ouvrir le champ des possibles alors

[00:23:21] VAlérie Demont: mais après, en fait, quand tu vas, si tu vas dans un musée, OK, l’input, il va peut-être venir d’une œuvre que tu es en train d’observer ou voilà. Mais c’est ta relation avec l’œuvre qui va faire que ça va émerger. Ça va toujours venir de l’intérieur.

[00:23:36] Isabel Gilbert: là je suis encore sur la partie organisationnelle après on va aller dans la partie plus présence, posture etc

[00:23:44] VAlérie Demont: Je ne peux

[00:23:44] Isabel Gilbert: sais que c’est ce qui te passionne

[00:23:47] VAlérie Demont: fait kiffer. Donc,

[00:23:48] Isabel Gilbert: oui mais en même temps il y a toute une mise en condition de ça et c’est vrai que si on veut donner des bouts aux pratiques Je veux dire, tout le monde ne me dit pas depuis l’âge de 13 ans qu’à un moment donné, c’est d’abord comment je mets en place [00:24:00] des conditions qui vont venir soutenir après cette mise en condition.

Donc, je me donne des temps pour aller chercher d’autres insights. Et puis, il y a aussi la dimension d’accueillir d’autres inputs. Par exemple, je me donne du temps pour discuter avec un de mes collègues qui a une réflexion ou un point de vue intéressant sur la question. Ou qui va m’inspirer, ou qui va me décaler.

Donc, c’est encore un temps sacralisé. Et je ferme mon portable et on va dans un endroit dédié. Voilà, je t’écoute. Là, dans « je t’écoute », on va rentrer dans une deuxième dimension. Donc, la première dimension, l’organisation. La deuxième dimension, la relation. Donc, je pose un temps de rencontre particulier.

Voilà. Alors ça aussi, c’est hyper compliqué à poser aujourd’hui. Les équipes, elles n’ont plus le temps de se rencontrer. Ou alors elles sont l’une [00:25:00] dans un pays, enfin un leader dans un pays, l’autre leader dans un autre pays, puis ils se rencontrent rapidement et encore par visio. Donc comment je remets des temps et des espaces de qualité pour cet échange

Donc temps de rencontre. Ensuite, il y a le temps de parole. Donc est-ce que je suis tout le temps, moi, en tant que leader créatif, en train d’occuper l’espace de la parole ? Ou est-ce que je fais l’espace aussi pour d’autres inputs autour de moi ? Ça, c’est autre chose. Et après, effectivement, il y a un espace de présence, c’est-à-dire que je peux très bien être là physiquement, je peux très bien ne pas parler, mais je peux être barrée dans ma tête.

Je peux être en train de penser à autre chose, je peux déjà être en train… Je n’ai même pas fini d’écouter la proposition de mon collègue… Je suis déjà en train d’imaginer ce que je vais faire des trois premières phases qu’on m’a donnée. [00:26:00] Là, je suis là, mais je ne suis pas dans un espace de présence réelle.

[00:26:04] VAlérie Demont: J’adore après il y a aussi avant qu’on rentre dans cette qualité de présence tu parlais du lieu et de l’espace sacré mais peut-être en intro tu parlais de les emmener à quelque part [00:27:00] ces leaders créatifs je pense Quand on s’est parlé il y a quelques temps, on a parlé de nos bureaux, de dire qu’on les a réorganisés en fonction de comment on se sent ou de la période de l’année.

On réorganise notre espace d’activité ou de création et peut-être qu’on n’incube pas au même endroit où il y a notre ordinateur. On ne va pas chercher où cet espace de présence qu’on pose n’est pas au même endroit. Toi, tu as fait de la scénographie, sauf erreur

[00:27:36] Isabel Gilbert: J’ai été comédienne, donc oui, j’ai travaillé la scénographie. Oui, mais en fait, c’est ça. Il y a deux choses. Quand on parle d’espace-temps, on parle de rythme. Quand on parle du temps et on parle de scénographie, on parle d’espace. Soit je mets en place une scénographie, soit je vais chercher des lieux qui vont répondre à mon intention.

Alors, le temps, pour être hyper simple, on [00:28:00] sait qu’en créativité, il y a deux temps, parce que c’est une respiration. On sait qu’il y a la notion de divergence, où je vais ouvrir les possibles. Il y a un temps qui correspond à l’inspire, et il y a un temps de convergence, qui est le moment de faire des choix, et de prendre des décisions, et qui est plutôt l’expire.

En réalité, quand on parle de créativité, souvent on se dit « Ah non, mais c’est l’inspiration. » Enfin, on fait un raccourci comme ça. Mais non, c’est le double mouvement. Mais là, ça, c’est une première chose. Donc, ce double mouvement, je peux l’orchestrer dans mon agenda. Je peux me dire « Je vais me laisser une journée pour diverger.

Et puis, « Je vais me laisser une journée la semaine d’après pour converger. » Mais ça peut être une journée, mais ça peut être sur des gros projets complexes. Il y a beaucoup [00:29:00] de problématiques ou d’idées à aller chercher qui sont imbriquées, ou beaucoup de parties prenantes. Il y a beaucoup d’éléments à traiter.

Ça peut être « Je vais me donner six mois pour converger. » Donc, c’est quand même un élément hyper important. Quand est-ce que j’inspire ? Quand est-ce que j’expire ? Après, il y a où est-ce que j’inspire ? Où est-ce que j’expire ? Et moi, j’adore changer de lieu. Il y a des lieux qui m’aident à inspirer, qui m’aident à expirer.

Et paradoxalement, quand j’ai besoin d’être stimulée en divergence, par exemple, j’ai besoin d’être nourrie et tout, j’aime bien, moi, mais ça m’éproque bien des espaces stimulants, avec des gens, avec des couleurs, avec des lumières. Il y a du mouvement. Par contre, pour converger et incuber tout ça, j’ai besoin d’être dans un lieu où il n’y a plus personne, où il n’y a pas de son, je suis dans la nature.

Et ouais, je laisse tout redescendre. [00:30:00] Et là, il y a d’autres choses qui émergent après, mais ça se rerange tout seul.

[00:30:06] VAlérie Demont: C’est super intéressant. Je crois que je fonctionne l’inverse, en

[00:30:11] Isabel Gilbert: Là, c’est excellent.

[00:30:13] VAlérie Demont: Il me semble. Ou alors, je ne suis pas très au clair sur…

[00:30:16] Isabel Gilbert: C’est tout à fait possible.

[00:30:18] VAlérie Demont: Mais j’ai bien l’impression que je fonctionne l’inverse, en fait. Que c’est le silence, en fait, ou la nature, ou la voiture.

[00:30:30] Isabel Gilbert: Sous-titrage Société

[00:30:36] VAlérie Demont: Quoique la voiture, ça pourrait être convergence, quand même. Oui, je pense que le silence me donne de l’inspiration, tu vois. En tout cas, ça fait monter, émerger beaucoup de choses. Après, j’ai ce ton de pause, tu vois, entre les deux, quand même, aussi. C’est vrai qu’on en parle. Entre l’inspire et l’expire.

Après, en fait, des fois, il me faut du temps, tu [00:31:00] vois, comme si je devais être à un endroit bien particulier pour pouvoir faire les choix, être efficace et voilà. Donc, en fait, il faudrait que je sois à un endroit où je ne peux rien faire d’autre que ça. Et si possible, s’il y a un peu de mouvement autour, c’est encore mieux.

Donc, typiquement, dans un café, dans un espace-temps qui est dédié à me dire qu’est-ce que je retiens, qu’est-ce que je fais dans cet espace-temps-là, limité et tout.

[00:31:32] Isabel Gilbert: Et c’est là où c’est important de bien se connaître. Parce que dans ce cas-là, tu peux orchestrer. C’est ton propre processus. Quand tu es un leader, tu peux aussi le communiquer à ton équipe. Et peut-être que ton équipe va avoir besoin d’un processus différent du tien. Et donc, c’est là où après, on rentre dans…

C’est de l’orchestration de symphonie derrière.[00:32:00]

[00:32:00] VAlérie Demont: fait

[00:32:01] Isabel Gilbert: Une vraie dynamique créative d’équipe, ça devient… Mais il faut avoir les bases. Il faut avoir fait ses gammes au début et juste à quel moment je suis plus divergent, dans quelles conditions je suis plus divergent, dans quelles conditions je suis plus convergent.

[00:32:16] VAlérie Demont: on en revient souvent quand même là on est en train de parler un peu de leadership et puis d’accepter que chacun fonctionne selon son propre fonctionnement organique et donc on en revient quand même toujours à la base de il faut se connaître

[00:32:32] Isabel Gilbert: Oui, il faut se connaître et être capable de communiquer ses particularités et accepter. Ensuite, on voit si on doit s’adapter ou pas. Mais la première chose, c’est se connaître. Même, je veux dire, dans la relation à l’autre,

si je ne suis pas un peu au courant de ma singularité, je suis [00:33:00] déjà dans l’adaptation « l’échange, il est biaisé. » Pour moi. Pour moi, il est biaisé. Donc, un leader, il est quand même censé connaître sa singularité à la fois de vision, mais aussi le mode de fonction. Parce qu’une fois que je suis très claire là-dessus, je peux partager ma singularité.

Je dis n’importe quoi, mais moi, j’ai besoin d’avoir une demi-journée par semaine dans la nature pour incuber tout ce qui s’est passé dans la semaine ou pour prendre une décision éclairée. Parce qu’on parle d’insight, on peut parler aussi d’aller prendre une décision à un moment donné. J’ai besoin de ça.

OK, la personne en face va peut-être me dire l’inverse. On peut peut-être se dire OK, on va prendre le même temps, pas au même endroit, et on se retrouve au bout de trois heures. Et on prend une demi-heure ensemble, on partage nos écoutes et on se met d’accord à cet endroit-là. C’est ça où ça devient intéressant, c’est qu’après ça devient une danse.

Encore une fois, [00:34:00] on parle de leader, attention, c’est particulier, parce que la mise en place de tout ça dans une équipe plus large, c’est encore autre chose. Et les leaders, on parle de personnes qui sont normalement qui ont aussi des espaces seules, Ou qui ont intérêt à en avoir et qui ont accepté que c’est aussi un cheminement qu’ils doivent faire seuls à un moment donné ou on parle de quartier, on parle de petites équipes donc oui normalement c’est possible de faire ça normalement, s’ils ne sont pas envahis complètement envahis par

[00:34:31] VAlérie Demont: Après, c’est une histoire de décider en fait comment tu veux fonctionner ou comment tu dois fonctionner pour te respecter et aussi aller de l’avant. On voit bien en fait que ça marche. Comme on a fonctionné jusqu’à aujourd’hui avec des agendas hyper chargés, ça ne va plus. Donc…

[00:34:54] Isabel Gilbert: il y a aussi la responsabilité de comment je redonne de cet espace-là à mes équipes

[00:34:58] VAlérie Demont: Ouais. Mais [00:35:00] si tu ne te l’autorises pas à toi,

[00:35:02] Isabel Gilbert: bah non c’est mort

[00:35:03] VAlérie Demont: le donner aux autres ? Et tu vois, le premier truc quand tu me dis « ouais, alors prendre une demi-journée pour », le premier réflexe que j’ai dans ma tête ou quand j’en parle, c’est « oui, mais c’est du temps de travail en fait

[00:35:22] Isabel Gilbert: Oui, c’est la différence entre travailler et œuvrer, pour moi. C’est-à-dire que travailler, tu es dans la production, c’est vraiment le langage de la production. Là, moi, je travaille dans une dimension, encore une fois, sensible. Les gens travaillent à certains moments, mais on leur demande quand même d’œuvrer.

Donc, œuvrer, ça demande d’autres choses. Ça demande aussi de prendre du temps pour récupérer des idées.

[00:35:50] VAlérie Demont: Parce que œuvrer ça vient du cœur je ne sais plus l’étymologie mais de toute façon ça vient du cœur c’est évident donc

[00:35:59] Isabel Gilbert: Donc, [00:36:00] c’est pareil, la notion de cœur. Alors, il faudrait la définir un peu plus, mais… On est dans des espaces émotionnels, on est dans des espaces d’amour, on peut aller jusque-là. Moi, je travaille pour des métiers qui sont des métiers passion, qui sont des métiers où il y a des amitiés fortes aussi, parce qu’il y a à un moment donné des engagements et une intimité d’échange qui est importante.

Donc, en fait, l’amour, il se définit à plein d’endroits. Alors, j’ai des exemples de leaders qui expliquent qu’à un moment donné, leur seul indicateur pour prendre une décision, ça va être le cœur. Ils arrivent dans des endroits où il n’y a plus d’espace, il n’y a plus d’exemple extérieur. Et la seule façon pour eux de poser quelque part une certitude, c’est un peu paradoxal de dire ça, ça va être d’aller [00:37:00] réinterroger leur cœur.

J’en ai un exemple. Que j’utilise souvent quand j’interviens ou en conférence, c’est que… C’est l’exemple de Virgilio Martinez.

NB : Cet exemple est traité dans le bonus de l’épisode.

Alors, Virgilio Martinez, c’est un grand chef étoilé. Il est très bien. Je crois qu’il vient de passer premier milieu avec sa brigade cette année. Et lui, à un moment donné, il a remis en question tout son travail.

Donc, il avait ouvert un restaurant qui s’appelle Central, à Lima, qui fonctionnait très, très bien. Sauf que il était connu parce qu’il reproduisait une cuisine européenne. Donc, la cuisine à laquelle il avait été formé. Parce qu’il était jeune, il se formait en Europe et aux États-Unis. Il n’avait aucune cuisine occidentale, etc.

Il venait, il reproduisait ça. Donc, d’une très belle façon, il avait une qualité d’exécution manifestement reconnue. Mais lui, son intention, son ambition, c’était de faire connaître, de redevenir une [00:38:00] référence de la cuisine péruvienne. Et donc, il a remis en question son business, qui marchait très bien. Il remet en risque aussi, du coup, les salaires, les métiers, etc.

Donc, de toute sa brigade, d’accord, juste pas. Parce qu’il y a un truc qui ne lui convient pas. Parce qu’il se dit qu’il y a un manque d’identité. Et d’utiliser ce mot-là, je vous invite à aller regarder vraiment tout le documentaire qui a été consacré sur son travail dans la série Chef’s Table qu’il a utilisé sur Netflix.

Donc, il y a 52 minutes qui lui est dédiée. Donc là, ce dont je vous parle, ça dure 10 minutes. Mais on a tout le processus,

[00:38:44] VAlérie Demont: mettrai le lien dans les notes.

[00:38:47] Isabel Gilbert: Il est édifiant. Et donc, lui, il décide, il dit, voilà, moi, ma nécessité intérieure, parce que là, on parle d’une nécessité intérieure, elle n’est pas extérieure, il n’y a pas de crise.

Au contraire, il est au top. Mais il a [00:39:00] une crise intérieure, il a une crise d’identité. Je fais une expression qui n’est pas singulière, là. Je reproduis un truc. Moi, je veux re-rendre vivant, en fait, il voulait faire, je crois qu’on pourrait dire, revivifier la cuisine, se faire connaître, etc., la cuisine périodique.

Sauf que quoi ? Il se rend compte qu’en fait, il est parti très jeune d’un pays qui était un pays en guerre et qui était fermé, en fait, si vous voulez. Lui, il connaissait Lima et il n’avait pas accès aux autres régions de son pays. Donc, quand il est parti, il connaissait Lima, mais il n’était pas péruvien, au sens qu’il ne connaissait pas les autres régions de son pays.

Donc, il se rend compte qu’avant de refaire une cuisine péruvienne, il va falloir qu’il aille recreuser son identité personnelle, son identité culturelle. Et donc, il prend un temps, il prend un an, il se donne l’espace pour repartir en inspiration, mais pas, entre guillemets, avec cela, À l’extérieur et à l’intérieur en même temps.

C’est-à-dire qu’il [00:40:00] voyage au Pérou, mais qui est en fait son pays d’origine, pour redécouvrir des anciennes façons de cuisiner, des nouveaux ingrédients, et notamment une nouvelle façon de voir le monde, parce qu’il arrive dans des villages de population inca, et il explique très bien que ce sont des populations qui voyaient le monde non pas horizontalement, mais verticalement.

Et donc, il se rend compte que l’insight à ce moment-là, c’est de refaire un menu à partir des habitudes, d’aller chercher des ingrédients au niveau des habitudes, etc. Il va chercher sa sœur, qui est scientifique, et qui va faire un travail de reconnaissance des ingrédients en dénique de son territoire.

Donc après, la qualité d’exécution, évidemment, il l’avait déjà. Il change quand même pas mal de façon de fonctionner. Je ne vais pas passer trop. Tant sur ça. La façon dont il remet en place son [00:41:00] processus derrière, il est très, très beau. Mais déjà, il remet tout en question et il retourne chercher de l’inspiration dans sa singularité.

Et en fait, ça, cet exemple-là pour moi, c’est la définition de ce que j’appelle l’originalité, c’est ça pour moi. C’est à la fois trouver du décalé et à la fois revenir à l’originel. Donc pour ça, il faut du temps, quoi. Et il faut accepter de se remettre en question et de réouvrir un espace en soi avec une faille.

Et là, on parle de faille pas temporelle, mais peut-être une faille identitaire. À ce moment-là, il reconnaît qu’il a une faille identitaire. Et ça veut dire une remise en question de soi-même. Ça veut dire réouvrir de l’espace à l’intérieur de soi. Donc ça, c’est génial.

[00:41:46] VAlérie Demont: c’est à un moment donné, pour revenir Vraiment aux origines de qui tu es et d’où tu viens et ce qui t’a créé, ce qui fait qui tu es aujourd’hui et ce que tu vas pouvoir affirmer, cette singularité pour la transmettre [00:42:00] d’une manière ou d’une autre dans ton ouvrage, tu dois peler ton oignon en fait, enlever couche par couche finalement

[00:42:09] Isabel Gilbert: aller chercher l’essentiel.

[00:42:11] VAlérie Demont: pour revenir au cœur, au centre.

[00:42:15] Isabel Gilbert: Et donc, pour revenir au cœur de ce dont vous étiez en train de parler autour du cœur, c’est qu’au moment où il met en place ce nouveau menu, il perd plein de clients. Évidemment, parce qu’ils étaient habitués à une certaine identité. Mais il prend le risque. Et il ne sait pas où il va. Et je peux donner ma main à Copé que dans sa brigade, ça a dû aussi chauffer un peu.

Et à ce moment-là, il dit, et il le dit très bien dans le documentaire, il dit « je devais suivre mon cœur ». En fait, je n’avais plus d’autre indicateur que cette certitude du cœur.

[00:42:52] VAlérie Demont: Mais tu vois,

[00:42:53] Isabel Gilbert: devient une boussole [00:43:00] c’est exactement

[00:43:32] VAlérie Demont: là, on a ce super exemple. Ça marche bien, mais ce n’est pas juste pour lui. Et quand on est entrepreneur, on vit ça régulièrement. Après, tu peux être entrepreneur et leader, donc ce n’est pas forcément différent. Et un bon leader, je pense qu’il a quand même une forme d’entrepreneuriat à l’intérieur de lui.

En tout cas, quelques qualités de l’entrepreneur.

[00:43:54] Isabel Gilbert: Il y a beaucoup de choses dans ce que tu dis mais c’est vrai qu’on l’a un peu évoqué tout à l’heure pour moi un leader, [00:44:00] que ce soit un leader de la création ou pas, il y a de toute façon une responsabilité une responsabilisation c’est quand même des personnes qui sont actrices

[00:44:09] VAlérie Demont: Oui

[00:44:09] Isabel Gilbert: de leur projet, de leur pensée etc.

et ils vont chercher toujours cette entre guillemets pro-actualité même si j’aime pas vraiment ce mot là, c’est un peu plus en tout cas c’est leadership et c’est pour moi vraiment la définition du leadership c’est comment je suis capable de reprendre ma responsabilité dans n’importe quelle

[00:44:28] VAlérie Demont: j’ai été interviewée il n’y a pas très longtemps. Sur l’état de flot, je mettrai aussi le lien dans le commentaire où je parle avec Elisabeth de dire que pour moi, être leader, ce n’est pas forcément être premier. Ce n’est pas ça. Parce que tu ne peux pas être premier sur tout. Tu ne peux pas être seul premier dans ton domaine.

Non, être leader, c’est déjà te réapproprier ta propre place, ton propre [00:45:00] pouvoir, ta propre responsabilité. Puis après, il peut se passer quelque chose.

[00:45:04] Isabel Gilbert: Oui, c’est ça. Et en fait, c’est pour moi une vraie voie d’humilité. C’est peut-être un peu contre-intuitif ce que je vais dire, mais souvent on dit « ouais, mais les personnes qui se… » parce qu’elles peuvent se mettre en avant. Il faut accepter à un moment donné de se mettre en avant, parce que le leader, c’est celui qui mène, qui conduit.

Donc, il conduit quoi ? Il peut conduire une équipe, mais il peut aussi être dans la… On peut mener ou ouvrir des espaces culturels. En l’occurrence, un leader créatif, c’est aussi quelqu’un qui va dire « Moi, dans cette œuvre-là, j’ouvre une autre façon de penser. Je montre une autre façon de voir le monde. » Et elle peut être très provocatrice.

[00:45:45] VAlérie Demont: Oui

[00:45:45] Isabel Gilbert: Donc, il faudra que j’accepte ça, en fait. Je suis leader parce que j’accepte que le monde va peut-être critiquer et peut-être très fortement ce que je suis en train de poser comme nouvelle vision du monde. Et ce qui est très particulier, c’est [00:46:00] qu’en plus, cette vision, je l’ai forgée dans ma sensibilité.

Donc, je peux prendre des choses très à cœur, je peux être à fleur de peau, toutes ces expressions-là, je les retrouve souvent en coaching, elles sont nécessaires. Donc, en fait, il y a un rapport entre « je donne de la voix à ma sensibilité » Et en même temps je l’assume il y a un niveau d’exposition qui est quand même très particulier dans ces métiers là et c’est pour ça je pense qu’on parle souvent d’ego c’est parce qu’il y a un moment donné il y a un besoin de se protéger

[00:46:37] VAlérie Demont: Oui. Tu vois, j’allais te dire comment tu protèges cet espace. Parce que tu vois, cet espace finalement, en fait, là, qui a été créé, comment tu le gardes, comment tu le conserves, comment tu le protèges ? Parce que c’est un espace intérieur qui est… Finalement, une fois qu’on a touché à cette singularité, il y a une forme de… C’est [00:47:00] très… On a à la fois l’impression d’avoir touché à une forme de toute puissance.

Parce que c’est là, c’est tellement fort à l’intérieur de nous qu’on dirait que c’est plus grand que nous. Et à la fois, en fait, c’est un espace sacré, comme tu disais tout à l’heure sur le temps, sur l’agenda et tout. Et puis, c’est… J’ai envie de le protéger, en fait. Je n’ai pas envie qu’il y ait quelqu’un qui vienne me polluer cette singularité-là.

Et puis, en même temps, j’ai envie que ce soit tout le temps là, au plus près de moi. Comment tu fais en fait pour conserver ça, pour pouvoir ensuite l’amener dans ta matière au quotidien

[00:47:37] Isabel Gilbert: En fait, tu as la réponse de la question, c’est-à-dire que la matière va protéger ça. Pour moi, oui, les personnes très inspirées vont vous dire qu’il y a un sentiment de toute puissance, mais on est encore dans le domaine de la créativité, c’est le domaine de l’esprit. Donc, il n’est pas [00:48:00] soumis aux contraintes matérielles de temps, de limitation des ressources, etc.

C’est un espace fulgurant. Donc c’est euphorisant quelque part. Donc on adore cet espace-là, c’est très euphorisant. Par contre, ça c’est être créatif, ok. Mais je ne vais pas rester bloquée là-dedans dans ça. À un moment donné, cette inspiration, je suis allée la chercher ou je l’ai reçue parce que mon job c’est de la mettre en œuvre.

Et j’ai assez sur œuvre. Donc maintenant, je vais faire descendre l’esprit dans la matière. Et c’est mon travail. Alors là, si on va un peu sur la dimension plus mystique, j’adore moi la citation de Mère Thérésa. Elle disait « Je suis le crayon dans la main de Dieu ». Moi, elle ne se prenait pas pour Dieu. On n’est pas dans « Je

[00:48:54] VAlérie Demont: Non, non, elle parle du crayon.

[00:48:56] Isabel Gilbert: Mais moi, je suis le crayon. À moi de savoir si je suis un bique, si je suis [00:49:00] un coup de papier, etc. Mais par contre, mon job, c’est de tailler mon crayon pour pouvoir retransmettre le plus… Ou plus fidèlement, ou de façon la plus qualitative, ce que j’ai reçu comme inspiration. Et juste mon job, c’est ça.

C’est d’être le meilleur crayon possible. Et j’adore ça. Le problème qui se pose quand on a une inflation de l’ego, comme ça, un ego mal placé, ou qu’on commence à partir dans un délire, c’est qu’on se prend pour Dieu. On a oublié qu’on était le crayon. Ça peut arriver. Encore une fois, c’est tellement euphorisant.

Après, il y a une autre dimension, c’est quand j’ai touché à cet espace euphorisant, j’ai la nostalgie de cet endroit-là, et je veux le soutenir tout le

[00:49:40] VAlérie Demont: Ouais. Ah ouais, non, mais c’est clair. Mais tu sais, moi, j’ai des clients qui m’ont dit, alors dans d’autres contextes, mais qui m’ont dit, « Mais moi, je veux rester là-bas, c’est mieux, quoi.

[00:49:50] Isabel Gilbert: Ça, c’est la nostalgie du paradis, mais… En fait on est des êtres incarnés on est là pour faire l’expérience de la matière donc il y a un moment où on est

[00:49:57] VAlérie Demont: ouais ouais, non

[00:49:58] Isabel Gilbert: colle aux contraintes matérielles [00:50:00] on se colle aux débats dans les équipes Ben il n’est pas nécessairement que moi c’est quand même mon collaborateur du niveau 1 et en fait là et là moi c’est cet espace qui m’intéresse le plus c’est comment je fais rencontrer l’esprit et la matière et comment ça négocie et comment ça

[00:50:18] VAlérie Demont: tellement. Ouais,

[00:50:19] Isabel Gilbert: voilà les métiers de la création c’est des métiers qui sont connus pour s’engueuler, il y a du débat et il faut qu’il y ait du débat parce que sinon il y a plus cette friction qui va faire la création

[00:50:34] VAlérie Demont: mais tu vois, moi je vois la même chose. Pour moi, c’est très très similaire en fait, les métiers créatifs avec lesquels tu travailles. Et tu vois des dirigeants d’entreprises de n’importe quel PME qui aujourd’hui doivent prendre des décisions pour la suite et ils savent pas où ils vont parce qu’en fait il y a tout on vit dans le même monde toutes les deux et je pense qu’on voit les mêmes choses il y a tout qui est en train de [00:51:00] péter ou de montrer que ça va péter dans pas longtemps donc en fait tu vas où quand t’as ton territoire sans carte et tu sais juste que t’as ton intention puis que t’as une destination mais entre deux tu connais pas donc t’es obligé de pouvoir débattre pour pouvoir enrichir ta création initiale ou en tout cas celle qui est venue pour qu’elle puisse prendre vie dans la matière et si t’es tous d’accord t’as pas tous les points de vue quoi

[00:51:27] Isabel Gilbert: La création, c’est vraiment un espace paradoxal. C’est l’expérience du paradoxe, c’est l’expérience de la tension entre des polarités et comment moi, je vais aller chercher mon geste symbolique d’alliance, en fait, au milieu de ça. Donc, déjà, il faut accepter cet espace-là, cet espace paradoxal. Et ça aussi, refaire l’espace, ça peut être, je vais aller regarder une polarité et la distinguer.

Je donne un exemple très simple. Toi, dans mon [00:52:00] équipe, tu as cette opinion. Je vais prendre le temps de t’écouter pendant une demi-heure et je vais tout ouvrir. Vraiment, je vais essayer de comprendre la singularité de ton opinion. Ensuite, je vais aller prendre mon deuxième collaborateur qui n’est pas d’accord avec toi et je vais encore prendre une demi-heure pour expliquer la singularité de ton opinion.

Et ensuite, je vais pouvoir, parce que j’ai, je dirais, restauré les deux qualités, De vos opinions, je vais commencer à pouvoir tisser des liens entre les deux.

[00:52:34] VAlérie Demont: Sous-titrage FR 2021

[00:52:35] Isabel Gilbert: Et c’est la définition de la créativité qui m’a préférée, qui est celle de Max Ernst, qui était un peintre allemand, qui dit que la créativité, c’est la capacité à saisir deux réalités distinctes l’une de l’autre, et attirer une étincelle de leur juxtaposition.

Et dans cette étincelle, il y a quelque chose du renouveau. [00:53:00] J’ouvre une autre voie. Ce n’est pas du compromis. Ce n’est pas du « j’en prends qu’un au détriment de l’autre ». Ce n’est pas de la confusion non plus. C’est encore autre chose. Moi, c’est ça ma quête. La qualité d’une peintre, elle est large.

[00:53:16] VAlérie Demont: vraiment le dépouillement de tout Ce que tu peux avoir qui t’a créé, conduit ici, etc. Donc, c’est comme si tu rentres dans un moment où tu es pur ou bien où tu es propre, je ne sais pas comment dire, où tu es tout blanc, tout nu, à poil. Et puis là, en fait, tu peux saisir ce qui se passe vraiment. tu es dépouillé de tous tes préjugés, de toutes tes croyances, du fait que tu n’es pas capable d’écouter ou que tu as envie de prendre la parole et puis de rebondir sur l’idée.

Donc, c’est pur et à ce moment-là où c’est pur, tout propre et tout ça, là, il peut se passer quelque chose [00:54:00] et on peut recréer ou créer depuis là.

[00:54:04] Isabel Gilbert: Oui, c’est ça. Dans le livre de Marc Récrubis, le producteur américain célèbre, il a Qui vient de sortir un livre je crois que c’était il y a un an à peu près qui s’appelle Creative Act qui est vraiment l’un des plus beaux livres que j’ai lu sur la créativité alors il est il est assez philosophique mais il dit tout il dit tout et pour le coup il fait beaucoup de méditation etc donc moi j’ai aussi une attirance particulière pour cette pensée parce que je viens des arts marceaux traditionnels japonais, du Tao etc donc là on est dans ces espaces là lui il dit le créateur c’est quelqu’un qui a un filtre particulier et j’adore cette notion de filtre moi je parle de singularité et ce filtre il faut le nettoyer de temps en temps donc oui j’ai un filtre, je filtre la [00:55:00] réalité à travers ma vision du monde mes parties prises, mes sens etc donc c’est cette alchimie là qui fait ce filtre là J’aime ma particularité.

Quand vous prenez un Martin Scorsese, on a l’impression qu’il a traité quand même la même thématique pendant toute sa vie, c’est son filtre. Il a fait plein de films différents autour de ce sujet. Non, mais il a un filtre particulier. Et c’est là où on parle de l’œuvre avec un grand O-E. L’œuvre d’un artiste, un Milan Colbera, vous prenez son œuvre, c’est pareil, il y a des thématiques, il y a une façon d’aborder la thématique.

C’est tout le temps la même obsession. Donc, ce filtre-là, cette singularité, il faut en prendre conscience, la travailler, etc., la préciser, et puis elle s’affine au fur et à mesure des années. Mais, il y a aussi, comment est-ce que je la nettoie, comment je [00:56:00] retrouve cet espace blanc, qui n’est pas un espace neutre, en fait.

C’est juste un espace de présence élargie, on va dire, Et ça c’est comment je prends soin par exemple quand j’écoute un collaborateur de différer mon jugement comment je suis conscient de mes biais cognitifs comment je suis conscient de mon état par exemple si j’ai un état de fatigue je vais pas être dans la même qualité de présence etc donc là on est plutôt dans comment moi je fais de la place à l’inspiration qu’elle vienne d’un collaborateur ou qu’elle vienne d’ailleurs à l’inspiration en moi comment je me fais attraper en fait et là on peut aller loin après il y a des états on peut même parler d’état modifié de conscience comment est-ce que je vais me mettre dans un état de conscience pour capter des informations qui sont dans un autre espace ça m’est arrivé en tant que comédienne il y a eu des moments il y a eu un moment très particulier qui a vraiment marqué ma carrière où je devais jouer [00:57:00] un rôle dont je n’avais pas du tout le texte en tête puisqu’il n’y avait que de changer et Le metteur en scène arrivait, et c’était un texte écrit par nous, et le metteur en scène n’arrêtait pas de changer, de changer, de changer.

Le jour de la première, je n’avais pas pris mon texte, je n’arrivais pas à le mémoriser. Et je n’avais toujours pas de costume, etc. Et je l’ouvrais le spectacle, et je l’ouvrais au milieu des spectateurs. Donc j’avais 250 personnes autour de moi, moi j’étais plantée au milieu, dans le noir, avec une toute petite lumière, et je devais ouvrir le spectacle.

Je ne savais pas mon texte. En fait, tout était basé sur ma parole. Je donnais littéralement le « là ». Et en fait, ce moment-là, il était tellement… J’avais une telle nécessité, j’avais rien en fait. J’étais à nu, comme tu disais, il y avait quelque chose. Et en même temps, j’étais obligée d’y aller, donc c’est pour ça que je disais « tenir l’espace

Il y a quand même cette tension, il faut y aller en fait. Il y a un espace qui s’est ouvert, le seul espace qui pouvait s’ouvrir, c’était en moi. [00:58:00] Et je suis partie en état modifié de conscience, et je jouais une veuve de guerre, Et j’ai commencé à dire la première phrase je me rappelais les trois premières phrases j’ai dit les trois premières phrases et je suis partie et en fait j’ai eu des visions de pleureuses et de veuves qui arrivaient sur une place publique et qui venaient regarder sur les murs le nom de leur mari et de leur fils mort à la guerre et je pleurais avec elles mais j’entendais que je continuais de dire mon texte en même temps, je jouais mon rôle et en même temps j’étais aussi consciente de l’attention du niveau d’attention qu’il y avait de la part des spectateurs autour de moi et puis je suis revenue à moi au moment où j’ai fini mon texte donc il y a autre chose qui est venue me porter clairement et ça a été tellement intense pour moi mais aussi pour les spectateurs et aussi pour les acteurs que l’acteur derrière a oublié de rentrer sur scène parce qu’il m’écoutait il a [00:59:00] fallu un temps pour qu’il revienne et à la fin du spectacle La maman de Marion Cotillard qui était juste à côté de moi quand je jouais elle est venue me voir puis je lui ai dit Marion venait de recevoir l’Oscar pour la mom et là aussi il y avait beaucoup de choses à dire sur son interprétation de la mom d’ailleurs en passant mais elle est venue me voir et puis j’ai dit ah bravo pour l’Oscar de ta fille elle me dit non mais attends c’est pas le sujet là c’est quoi qui s’est passé sur ton rôle là en entrant dans le spectacle donc en fait c’était plus des questions de personnes c’était une question de qualité de présence dans le jeu elle a reconnu en fait et là ce qui est pardon juste pour terminer c’est que ce qui est génial c’est de voir à la fois la qualité d’insight et la qualité d’exécution en même temps j’ai jamais aussi bien performé sur scène

[00:59:49] VAlérie Demont: incroyable de pouvoir vivre dans ces trois dimensions en même temps parce qu’il y avait la dimension de ta relation au spectateur, la dimension de la relation qui [01:00:00] t’était infusée de cette autre situation saine avec ces veuves et puis ton rôle donc je pense que c’est extrêmement rare en fait

[01:00:12] Isabel Gilbert: Oui mais quand on regarde moi je modélise beaucoup les artistes donc j’étudie beaucoup leur parcours et leur processus, en fait ils parlent que de ça tout le temps, à plein d’endroits différents, de plein de façons différentes on parle d’intention collective de toucher des espaces archétypaux là c’est je pense ce qui s’est passé pour moi j’ai touché une énergie archétypale de la veuve on va parler aussi de l’imaginaire évidemment c’est aussi un voyage on va parler des fois de canaliser la source si vous prenez Enfin bon je ne vais pas rentrer dans le détail mais il y a plein d’espaces

[01:00:50] VAlérie Demont: un autre épisode sur les lieux sources de [01:01:00] l’inspiration. Comme ça, on peut balayer les états de conscience modifiés et tout le

[01:01:05] Isabel Gilbert: mais c’est un vaste sujet qui est malheureusement très peu abordé qui reste dans un espace magique magique perché etc c’est d’ailleurs c’est pour ça qu’on parle des créatifs qu’on dit que les créatifs sont perché c’est comme si ils allaient chercher des insights ailleurs en haut c’est pas que c’est perché c’est juste que c’est d’autres dimensions on

[01:01:24] VAlérie Demont: après, c’est vrai que des fois, tu as l’impression que ça vient depuis en haut. Quand je sens l’information arriver dans mon corps, elle vient depuis en haut, souvent. Parce que s’il vient depuis le bas de mon ventre, c’est plutôt une réaction de genre, il va falloir que tu… C’est instinctif, là, c’est plus animal et de survie.

Enfin bon,

[01:01:44] Isabel Gilbert: t’as raison. C’est ça.

[01:01:47] VAlérie Demont: il faut…

[01:01:47] Isabel Gilbert: y a beaucoup à dire et puis à faire le lien en entreprise, c’est encore autre chose. Mais moi, j’ai eu des états comme ça en entreprise quand je coachais ou à un moment donné, on travaille vraiment la qualité de la connexion et de [01:02:00] la relation en coaching. Quand tout est ouvert et qu’il y a une vraie fluidité dans la relation, je peux avoir des états d’inspiration où, en général, c’est très simple, ça se manifeste par un état de flow où je vais tout d’un coup dire, voilà ce que je vois de ta situation et blablabla.

Et en général, ce qui se passe, ça peut durer deux ou trois minutes, mon indicateur, c’est je sais à chaque fois que le coaché ou le client dit, j’aurais dû prendre des notes sur ce que tu viens de me dire.

[01:02:30] VAlérie Demont: Écoute,

[01:02:31] Isabel Gilbert: qu’il dit ça, c’est bon,

[01:02:33] VAlérie Demont: la même chose alors moi maintenant j’ai un indicateur en fait j’ai de ça rentre par la gauche comme ça de ma nuque et ça me fait du comme une sorte de chair de poule mais tu vois une sensation un peu électrique comme ça des frissons c’est pas de la chair de poule parce que ça bouge pas physiquement mais je le sens arriver et je dis là il faut que tu prennes des notes

[01:02:53] Isabel Gilbert: Alors c’est génial moi je ne suis pas encore à ton droit oui

[01:02:56] VAlérie Demont: que parce que après il me dit ouais j’aurais dû noter tu [01:03:00] peux me répéter et là je dis ben non je vais pas pouvoir répéter donc attends j’essaye de me rappeler puis enfin tu vois il y a une espèce de c’est venu d’ailleurs quoi en fait tu vois ouais ouais

[01:03:11] Isabel Gilbert: les artistes encore une fois ils parlent très bien de ça quand ils sont en état de flot

[01:03:15] VAlérie Demont: c’est ça

[01:03:16] Isabel Gilbert: il y a à la fois une performance et une inspiration qui se rencontrent en même temps et puis ils ne sont plus que l’instrument de ça Miali, Shinseng Miali qui avait modélisé ce concept de flot Il a d’abord modélisé des artistes.

Il est allé voir des compositeurs qui expliquent, moi, quand je suis dans mon activité de compositeur, il y a des moments où j’arrive à être dans des espaces d’inspiration totale. Ce n’est plus moi qui fais. Donc, là, on rentre dans des espaces du soi avec un grand S. Et justement, ça transcende l’ego. Et on ne dit pas assez que c’est des espaces qui transcendent l’ego.

[01:04:00] Ce n’est pas juste des métiers où il y a des égos surdimensionnés. C’est aussi des endroits où il y a beaucoup d’humilité.

[01:04:07] VAlérie Demont: Oui, mais ce qu’on ne dit pas, tu vois, moi, pour avoir écouté, alors bon, moi, j’ai plutôt écouté des interviews de musiciens, de chanteurs plutôt contemporains, de maintenant. Mais en fait, quand tu les écoutes parler, tu vois, il y a le côté, je n’étais pas préparée au succès, donc en fait, il se passe un truc de dingue.

Mais en fait, quand tu reviens à ce qu’il y a derrière, tu vois, toute l’étiquette, en fait, il y a beaucoup d’humilité, en fait, en se disant, mais en fait, j’ai… Je ne pensais pas que ça allait arriver. Moi, j’ai créé… C’est venu bien sûr que j’avais envie d’avoir du succès pour que ma musique soit diffusée au plus grand nombre pour pouvoir en vivre et tout.

Mais en fait, à l’intérieur de moi, c’est passé un truc qui est insoupçonné. Je ne sais pas comment gérer ça.

[01:04:55] Isabel Gilbert: Et puis, je ne sais pas quels mots mettre dessus. Et puis, c’est très difficile pour [01:05:00] l’entourage de comprendre ça dans les… Chez les chanteurs, on reprend beaucoup aussi d’addiction. Pourquoi ? Parce qu’il y a un moment donné, cette nostalgie de ces espaces-là, ils vont aller les rechercher par l’alcool, par la drogue.

C’est un peu facile, mais en même temps, personne ne leur a jamais expliqué. Ça n’a jamais été accompagné

[01:05:21] VAlérie Demont: Non, mais non. Mais même nous… Peut-être que toi, tu as grandi dans un univers où c’était plus facile pour… Pour toi, en fait, de pouvoir tester ça et puis d’avoir des réponses, tu vois ? Je ne sais pas. Mais en tout cas, ce qui est sûr, c’est que d’où je viens, en fait, les réponses, je ne les ai pas eues.

J’ai eu de l’écoute, beaucoup d’écoute pour pouvoir déposer tout ça, mais je n’ai pas pu comprendre, en fait. Et puis, je crois qu’aujourd’hui, je ne comprends toujours pas. Mais en fait, finalement, c’est là-haut, en fait, que j’ai besoin de comprendre. Mais [01:06:00] en fait, finalement, on s’en fout.

[01:06:01] Isabel Gilbert: Le mental a quand même besoin de comprendre je pense que pour être rassurée et pour nous laisser passer en fait c’est quand même c’est le douanier je veux bien que tu ailles dans d’autres espaces éventuellement modifier ton conscience mais là juste accorde-moi de comprendre et puis comme ça et puis après je me calme et après je te laisse passer moi c’est comme ça que je vois les choses donc oui je travaille à faire comprendre parce que aussi je veux pas que ce soit en fait c’est deux choses différentes tu peux comprendre mais c’est pas là que tu vas le vivre

[01:06:35] VAlérie Demont: Non c’est ça et en fait pourquoi comprendre pour pouvoir faire de ton mental et de ton égo des alliés pour qu’ils te laissent aller là et puis qu’eux ils reviennent au moment où il y en a besoin

[01:06:51] Isabel Gilbert: c’est ça

[01:06:52] VAlérie Demont: et puis pour pour pouvoir vivre dans le monde d’ici avec les autres [01:07:00] pour

[01:07:01] Isabel Gilbert: Oui et puis pour peut-être par

[01:07:03] VAlérie Demont: des mots, des

[01:07:04] Isabel Gilbert: oui par exemple moi j’ai pas de problème avec le fait de mettre des étiquettes par exemple, je travaille avec des gens qui aiment pas qu’on leur mette des étiquettes et j’ai dit mais à un moment donné on vous attrape comment c’est pas grave de mettre une étiquette, après elle peut bouger cette étiquette mais à un moment donné on a tous besoin de repères, de sens et c’est des sens qui peuvent évoluer mais c’est pas grave en fait encore une fois on est dans un monde de matière donc il faut accepter que bah oui à l’instant T il y a besoin de repères il y a besoin d’un cadre, il y a besoin d’une formalisation de quelque chose on pourrait en parler pendant des heures en

[01:07:41] VAlérie Demont: Mais tellement mais du coup il faut quand même qu’on s’arrête c’est quoi ton mot de la fin Isabelle je te le laisse

[01:07:52] Isabel Gilbert: Mon mot de la fin, c’est vraiment peut-être de repérer déjà tous les espaces [01:08:00] qu’on peut mettre en place autour de soi et en soi, facilement. La notion d’espace et d’espace-temps, comment je me redonne à l’espace, c’est presque subversif aujourd’hui. Donc, c’est cette première chose. La deuxième chose, c’est de dire mais ne me soupçonne pas quand on remet de l’espace à quel point on peut repartir en voyage.

Et la richesse de ces endroits-là. Donc, moi, je prends quasiment plus l’avion, par exemple, et souvent me dire, ne t’es pas frustrée, tu me dis, non, mais moi, j’ai d’autres espaces de voyage aujourd’hui. Ne vous inquiétez pas. Je me suis mis cette contrainte créative et ça me force à aller chercher d’autres endroits.

Dans ces espaces-là, je peux venir très, très, très vite. Voilà, donc d’oser s’accorder à ces espaces-là.

[01:08:53] VAlérie Demont: De s’autoriser. Ouais.

[01:08:58] Isabel Gilbert: Plus ou moins, là, [01:09:00] on a vraiment balayé la première étape de l’espace, genre s’écouter ou écouter l’autre, et jusqu’à des espaces beaucoup plus modifiés de conscience.

[01:09:12] VAlérie Demont: Ah, puis on pourrait faire un épisode sur chaque espace, tu vois. Il y a tellement à dire sur chacun. Je te remercie beaucoup.

[01:09:24] Isabel Gilbert: à toi.

 

Alors ouvrons notre espace pour notre moment ensemble. Prenez une lente et profonde inspiration…. Expirer lentement et profondément. Encore une fois. Inspirez… et expirez….

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Partageons encore une profonde respiration ensemble pour clore cet espace dans lequel nous avons été durant ces quelques minutes.

Bonne pratique avec les espaces temps et à très vite !