Je sentais le froid de la poignée dans ma paume de main. Je m’apprêtais à aller visiter une entreprise pour auditer son fonctionnement. Le patron m’avait sollicitée il y a plusieurs semaines et nos agendas coïncidaient enfin. Il était avec son équipe à mes côtés et me laissait le soin de découvrir par moi-même ses locaux et ses collaborateurs. Je regardais mes pieds, j’expirais mon anxiété. J’avais cette sensation douce et à priori paralysante de vide, comme quand je me trouvais au sommet du Mont-Fort avant de faire mon premier virage à ski et me lancer dans les quelques bosses avant de glisser sur la piste. Je soufflais à nouveau. J’étais tendue et il n’y avait aucune raison, je savais pourquoi j’étais là et je savais que mon client me faisait confiance. Ok, allons-y me dis-je.
Dans une dernière expiration, j’appuyais sur la poignée et ouvrais grand la porte pour que toute l’équipe me suive. La lumière de l’espace m’éblouit tellement que mon premier réflexe a été de baisser la tête. Mes pieds étaient sur un tapis rouge, on aurait dit celui du Festival de Cannes, je souris intérieurement en me disant que mon client avait l’art des symboles de succès et prospérité. Le tapis dessinait la circulation jusqu’à l’autre bout de l’espace de travail. C’était grand et presque loin. Mes yeux s’étaient enfin habitués à la luminosité cristalline, en levant la tête, je compris immédiatement pourquoi ce lieu était si clair ; nous étions dans un dôme de verre. Pas vraiment une serre, plutôt un immense pod, où les verres triangulaires s’emboitaient les uns dans les autres.
J’étais à la fois impressionnée par toute la symbolique que mon client arrivait toujours à insérer dans ses locaux, mais là, je sentais toujours cette tension au niveau de mon plexus, ma respiration n’était pas tout à fait fluide, je me sentais contractée, quelque chose me dérangeait depuis que j’avais été sur le point d’entrer dans la pièce et cette sensation ne me quittait toujours pas.
Il fallait que je me ressaisisse, j’étais là pour sentir leur organisation et repérer des possibilités d’amélioration de leur processus et mode de fonctionnement entre eux et avec leurs outils aussi. Je vis comme un reflet de lignes bouger dans l’air et je tournais la tête sur ma droite et ma gauche. C’est là que je saisis l’origine de ma tension. En épi, longeant le tapis jusqu’au fond de la pièce je vis des bureaux disposés les uns après les autres. Je fus étonnée de surprendre les collaborateurs en pleine séance de méditation assis en tailleur sur leur bureau, le dos bien droit, les paumes de mains ouvertes et tournées vers le ciel, posées sur leurs cuisses. Ils avaient les yeux fermés et… est-ce que je voyais bien…le crâne rasé. Tous.
La séance de méditation ne me déconcertait pas plus que ça. J’avais déjà parlé méditation avec mon client et je savais que c’était un adepte de retraites spirituelles. Il m’avait déjà confié ses expériences Vipassana et ayahuasca. Je continuais mon observation et je constatais que des grands écrans étaient suspendus, dans le vide, entre l’arrière des bureaux et proche de la façade de verre. Des lignes et des lignes vertes de textes ou codes défilaient sur ces écrans noirs à une vitesse fulgurante. Je me réjouissais car je savais qu’il avait déjà adopté de nouveaux processus de travail et j’avais hâte d’en voir encore plus. Je pourrais peut-être même l’interviewer pour qu’il inspire d’autres entrepreneurs à s’y mettre.
Je continuais d’avancer et j’étais bluffée par le calme des collaborateurs. Notre présence ne dérangeait en rien leur méditation. Je me demandais depuis combien de temps ils avaient démarré. J’aurais bien voulu me joindre à eux, ce matin, j’avais eu peu de temps pour moi avant de partir pour venir ici. C’était génial, mais j’avais toujours cette pression intérieure et je sentais bien que mon pouls s’était accéléré depuis que j’étais entrée sous ce dôme. L’équipe qui me suivait et mon client semblaient tout à fait sereins. En m’approchant d’un des bureaux, je compris immédiatement l’origine de mon stress. Sur le côté gauche des crânes, il y avait une fente de quelques centimètres qui laissait paraître une sorte de carte SD. Quoi ? Mais qu’est-ce qu’il se passait ici ? Je questionnais mon client. Selon lui, ils processaient des informations. Mais de quoi, sur quoi, pourquoi. Et c’est là que je vis ces immenses câbles métalliques, articulés, au sol, presque tentaculaires, se diriger jusqu’à une sorte de piédestal au bout du tapis sur lequel trônait sur sorte de géode argentée, en suspension. J’en avais le souffle coupé. Et tous ces câbles provenaient de mes pieds. Je paniquais… Et c’est là que Nathalie me dit : Ok, je te ramène.
J’AI VU UN FUTUR QUI M’A FAIT TREMBLER ET JE SAIS QUE NOUS POUVONS CHOISIR UN AUTRE CHEMIN.
J’étais en progression vers le futur et bouleversée. En m’inscrivant à cette formation, j’avais l’intention d’améliorer mes techniques de visualisation pour accompagner mes clients. Je ne pensais jamais vivre quelque chose d’une telle puissance qui me transforma pour toujours. 5 ans après, je ressens toujours la même tension en vous racontant cette visite d’un futur plausible.
Ce jour-là, j’ai vu un futur qui m’a fait trembler. Un futur où la technologie avait dépassé la chair, où la conscience peinait à suivre. Après avoir débriefé avec Nathalie, rentrée chez moi et documentée, je percevais l’alternative. J’avais entendu parler de prospective et de scénarios. Mais là, j’avais été projetée en plein dedans, je l’avais vécu, ressenti et je suis encore imprégnée de ce souvenir. Ce voyage a été déterminent, je n’ai plus jamais pensé ni agi comme avant. Ce que j’ai vu m’a montré pour quoi je devais œuvrer et ce que je pouvais transmettre.
J’étais venue chercher une nouvelle compétence. J’ai rencontré ma raison d’être et ma mission. Toute ma vie et mon chemin décousu prenait sens ! Je voyais comment mon chemin, ma voix se réunirait dans ma manière d’accompagner et soutenir mes clients. J’ai compris que notre seule voie face à la rapidité du monde était celle de l’élévation intérieure. Pour moi, il devenait évident que chaque entrepreneur devait réactiver sa souveraineté, sa conscience, sa mémoire du futur et son lien à l’intelligence du Vivant.
Ce livre est né de cette conviction et de toutes mes expériences depuis avril 2019. FLUIDE est un pont entre aujourd’hui et un futur souhaitable. Il s’adresse à celles et ceux qui savent que quelque chose est en train de s’ouvrir. À ceux qui sentent que leur entreprise n’est pas un outil, mais un organisme. À ceux qui perçoivent que leur futur les appelle à se souvenir de qui ils sont vraiment.
Ne t’attend pas à trouver une marche à suivre ou une méthode, FLUIDE n’est pas un manuel, ni une stratégie à appliquer. C’est un processus vivant, un espace à traverser à ton rythme, dans l’ordre qui t’appelle. Tu peux l’ouvrir au hasard d’un chapitre, t’arrêter sur une phrase ou plonger dans une étape complète. La vie n’est pas linéaire, FLUIDE non plus.
Au long de ton avancée, je ne vais pas te demander de faire plus. Au contraire, j’aimerais que tu t’allèges pour être simplement toi, en revenant à l’intérieur et à ton origine, là où tout commence. Ce livre est une invitation à incarner un autre niveau d’être qui permet de créer à partir d’une conscience renouvelée, plus fine, plus ouverte et plus reliée : ce n’est pas en continuant à penser et faire comme avant que nous pourrons créer autre chose.
CE N’EST PAS UN SIGNE DE BONNE SANTÉ MENTALE QUE D’ÊTRE BIEN ADAPTÉ À UNE SOCIÉTÉ PROFONDÉMENT MALADE. - JIDDU KRISHNAMURTI
Nous aspirons à changer nos entreprises, à alléger nos modes de vie, à préserver le vivant, à réduire notre empreinte, mais nous ne pourrons pas le faire en étant les mêmes à l’intérieur. Tant que nous nourrissons les anciens réflexes de performance, de contrôle, de séparation nous recréons en boucle les structures que nous rêvons pourtant de transformer.
J’espère vivement ce livre est une réponse à ce passage. Il est un chemin de reconnexion, un retour à l’essentiel. Un rappel que :
BEING IS THE NEW DOING
Et que notre manière d’être au monde est notre plus grand levier de transformation.
Je t’invite maintenant à te relier à ta ligne du temps pour recevoir la vision de celui ou celle que tu es déjà, quelque part, dans l’invisible.
Ferme les yeux. Respire. La méditation d’ouverture t’attend.
Installe-toi. Respire. Reçois.
Je te retrouve plus tard, quelque part dans ton processus FLUIDE.
A tantôt,
— Valérie Demont